Dans la première moitié du 20ème siècle, les compositeurs Henry Cowell et John Cage ont considérablement étendu le champ des possibles du piano. Le premier s’est introduit à l’intérieur de l’instrument pour en manipuler directement les cordes. Le second, guidé par les hasards de la matière et du mouvement a inséré entre ces dernières différents objets, transformant l’instrument en une sorte d’orchestre de percussions.
Ce duo s’inscrit dans cette filiation, entre ingénierie sonore et exploration artistique. En complicité avec Vivien Trelcat, Claudine Simon part à la recherche des secrets cachés par son instrument en l’affublant d’appendices, le palpant avec des dispositifs électromécaniques ou à l’aide d’objets incongrus.
Bien plus qu’une performance high-tech, ce duo d’improvisateurs veut établir un dialogue avec l’instrument, sa lutherie, qui permette de dévoiler la relation poétique qui se noue entre les corps, organiques et mécaniques.
Cette collaboration opère autour de l’hybridation du piano réalisée à partir d’un dispositif électromécanique qui transforme la lutherie traditionnelle, en perturbe l’usage. Le modelage des capacités sonores de l’instrument ouvre un nouvel espace de jeu. Un travail sur le timbre par traitement numérique permet de revisiter des savoirs-faire, des savoirs-entendre. Une nouvelle grammaire sonore et gestuelle se dessine.
Ce dispositif a été créé en 2020-21 par le collectif Sonopopée grâce à une commande du GMEM — Centre national de Création de Marseille, faite à Claudine Simon. Il a donné lieu à Pianomachine, spectacle de création sonore avec des textes, chorégraphie et scénographie.
Le piano préparé
L’ajout d’objets (aimants, vibreurs, corps sonores…) et de matières (pâte adhésive, roche, verre…) principalement destinés aux cordes, affecte les timbres de l’instrument. À cela s’ajoute la possibilité de mettre directement en résonance le piano grâce à des baguettes de percussions et autres excitateurs plus insolites.
Le dispositif électromécanique
Piloté par le luthier électronique via un setup de contrôleurs et une lutherie logicielle, cet ensemble de robots aux profils divers (servomoteur, solénoïdes, électroaimants) agit sur les cordes et la structure du piano. Il met en action des baguettes, billes et autres percuteurs, ou agit sur les cordes par des battements magnétiques (sans contact).
Le traitement électroacoustique et la lutherie informatique (MaxMsp, GigPerformer)
À partir de microphones venant capter et prélever les timbres de l’instrument, le son est diffusé, transformé et spatialisé par un système multiphonique de haut-parleurs. Cette hybridation décuple les possibilités de création sur le plan des timbres et des interactions.
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EN TOURNÉE EN 2022
26 novembre 2022 — conférence concert au festival Ars Musica (Bruxelles)
18 au 21 octobre 2022 — Salon Expérimenta, Biennale Arts Sciences, Hexagone (Meylan, 38)
23 mars 2022 — Ircam, ateliers du Forum (Paris, 75)
28-29-30 janvier 2022 — Le Mans Sonore, Biennale du Son, Masterclass et 4 concerts (Le Mans, 72)
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EN TOURNÉE EN 2021
26 novembre 2021 — festival Piano is not dead, Le Tétris (Le Havre, 76)
Claudine Simon
piano préparé et hybridé
Vivien Trelcat
lutherie informatique
Étudiant·e·s de L’INSA Lyon
conception des prototypes
Collectif Sonopopée
développement et design machines
Production déléguée GMEM – Centre national de création musicale
Soutiens Saint-Ex – Culture numérique (Reims), Césaré – CNCM (Reims)
Claudine Simon est pianiste, interprète, improvisatrice, performeuse. Elle développe un travail de création sonore qui s’attache à expérimenter, en l’hybridant, les capacités de son instrument.
Musicienne polyvalente, elle manifeste un goût pour les écritures de frontières entre musique, danse et théâtre. Elle aime tirer parti de la porosité de ces disciplines et croiser son regard avec ceux de chorégraphes, metteurs en scène, philosophes, vidéastes ou plasticiens.
Formée au CNSMD de Paris auprès de Jean-François Heisser, Marie-Josèphe Jude et Pierre-Laurent Aimard, elle fait de nombreuses rencontres qui nourriront son parcours et sa pratique artistique. Comme soliste ou en tant que chambriste, elle se produit à : l’Opéra de Lyon, La Roque d’Anthéron, l’Opéra Comique, la Cité de la Musique, l’Hôtel National des Invalides, aux festivals de Tautavel, d’Aix-en-Provence.. ainsi qu’à l’étranger (tournées en Inde, Chine, Europe…).
En tant qu’interprète, elle s’engage à défendre autant les œuvres du répertoire que celles des compositeurs d’aujourd’hui. Dans le même temps, son travail de création se centre sur la conception de performances qui lui permettent d’interroger son rapport à l’instrument.
Elle conçoit Pianomachine, un dispositif qui intervient au cœur du piano, de sa structure, transforme son timbre, sa lutherie, met en question son unité d’organisme. En modelant les capacités sonores de l’instrument, elle ouvre un nouvel espace de jeu qui lui permet de travailler dans ses marges, dans ses entrailles et c’est sa propre grammaire sonore qu’elle peut revisiter et régénérer.
— www.claudinesimon.com/WP/
Vivien Trelcat est compositeur et interprète. Dans un rapport immédiat avec les machines musicales des années 80-90 et les guitares, il consacre son enfance à l’exploration empirique des sons électriques et électroniques. Il étudie la musique et la composition électroacoustique à l’UFR de Musicologie de Reims auprès de Jean Luc Hervé et Jean Marc Chouvel, puis à l’atelier de création de Césaré avec Christian Sebille avant de terminer sa formation à l’IRCAM.
Assistant musical au sein de l’équipe de Césaré de 2003 à 2010, il a travaillé principalement aux côtés de Christian Sebille ainsi qu’auprès de compositeurs tels Jean Christophe Feldhandler, Patrick Marcland, Jean Luc Hervé, Arnaud Petit, Patricia Dallio, Patrick Défossez
En 2018, il fonde le collectif Sonopopée, auprès de Maxime Lance, Nicolas Canot, Thomas Dupouy et Alexis Derouet, souhaitant réunir des artistes aussi bien compositeurs que développeurs informatiques et électroniques, autour de la création de nouvelles lutheries et de la pédagogie ludique auprès du public amateur et empêché. Résidant à la pépinière de l’ESAD de Reims, le collectif rejoint aussi l’équipe enseignante de l’école prenant en charge les cours de création sonore. Les membres de Sonopopée participent à Fixin de Sylvain Darrifourcq, Liber de Maguelone Vidal, Jacqueline d’ Olivier Martin-Salvan et Philippe Foch, le projet FKBass de Floy Krouchi…
Dans ses compositions électroacoustiques, il fait une large place à l’accident, à l’artefact, au hasard, en gardant un rapport direct aux gestes et au corps. Préoccupé par la transversalité entre les arts, il cherche à confronter sa musique aussi bien avec la danse et les installations plastiques.
Sonopopée est un regroupement d’artistes musiciens, qui se donne pour mission de favoriser l’accès aux technologies sonores et aux nouvelles lutheries numériques. Compositeurs, improvisateurs, et développeurs aussi bien informatiques qu’électroniques, les membres du collectif mettent leurs compétences et leur complémentarité au service de projets artistiques variés. Avec un goût prononcé pour l’échange et la transmission, Sonopopée cherche à favoriser l’émergence de pratiques innovantes par le biais d’ateliers autour d’installations sonores interactives et ludiques, tel De oratore, Memoriff, Stationhair… Depuis 2018, le collectif Sonopopée est hébergé par la pépinière de L’Esad de Reims, dans le cadre du programme DesignR. Sonopopée est responsable de l’enseignement de la création sonore à l’Esad de Reims.