Notre dispositif est simple : 2 haut-parleurs de puissance — un pour chacun.e.
C’est leur placement dans l’espace, travaillé précisément en amont, qui en quelque sorte interprète et rend tactile la biphonie que notre improvisation cisèle ; ce placement se fait en fonction de la singularité de chaque architecture.
Les deux points de réflexions du son sont nos amplificateurs naturels.
Ils sont comme l’âme de notre instrumentarium imaginaire.
Les matériaux utilisés pour la construction du bâtiment donnent ainsi la teneur interne de la pièce ; ainsi chaque lieu possède sa musique en propre.
À cette architecture, via ces deux haut-parleurs toujours situés l’un en face de l’autre, nous associons un son électronique.
Et c’est ce son, unique, doublement monophonique, que nous modifions et travaillons profondément en ses textures, valeurs et caractères, subtilement, lentement, jusqu’à ce qu’il circule de lui-même au sein de l’espace d’écoute.
Sur nos tables de jeu, quatre dictaphones émiettent des mots issus de textes créés pour le lieu. Cette matérialité un peu cassée du sens rompt avec les volutes soniques, elle propose une fiction hasardeuse, elle décale le concert vers une poésie crayonnée au creux de l’espace.
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EN TOURNÉE EN 2020 :
7 mai 2020 — Festival Propagations, GMEM (Marseille, 13)
Libre
Carole Rieussec
platines
Lionel Marchetti
synthétiseur
PRODUCTION DÉLÉGUÉE GMEM — Centre national de création musicale
Carole Rieussec est artiste électroacoustique et performeuse.
Elle se forme aux côtés de Denis Dufour et Luc Ferrari.
Depuis 1986, elle compose et improvise avec les voix, les sons électroniques, les silences et les rythmiques du monde. Elle aime les multiples relations du son à l’espace. En 1990, elle rencontre Jean-Kristoff Camps dans un septet de platine tourne disque, les arènes du vinyle, ensemble il/elle créent le duo KRISTOFF K.ROLL.
Sur scène elle mêle machines, set de microphones, matières brutes et objets de la vie quotidienne. Formée au détournement, elle transforme haut-parleurs et microphones en instrument de musique, elle écrit des partitions pour eux. Elles convient des performeurs à venir travailler avec elle sur ces partitions textuelles.
La voix est l’un de ses matériaux privilégiés, à travers elle, elle imagine des objets qui naviguent entre poésie, philosophie, radiophonie.
En 2004, à Montpellier, elle crée avec Anne-James Chaton, le Festival Sonorités – du texte au son – qu’elle continue de codiriger, avec le guitariste Didier Aschour, la plasticienne Enna Chaton, l’artiste transdisciplinaire Frédéric Dumond et toujours avec Jean-Kristoff Camps.
Depuis 1998 elle est membre du comité de rédaction de « revue et corrigée », depuis 2012 elle y fabrique une net rubrique audio dédiée au genre, à l’expérimentation artistique et à son récit : wi watt’heure.
Elle collabore actuellement avec Lionel Marchetti, Anne-Julie Rollet, Chantal Dumas, Elena Biserna, Jean Michel Espitallier…
Lionel Marchetti est compositeur de musique concrète. Il travaille quotidiennement dans ce qu’il aime nommer son atelier des sons à une poétique musicale permise par l’utilisation des technologies du son — de l’analogique au numérique — à savoir l’utilisation du haut-parleur à l’enregistrement associé, jusqu’à l’interprétation acousmatique, et ce, dans la lignée de cet art spécifique.
Il aime reprendre, pour définir d’un trait son travail, cette formule de Kenneth White (cf. Déambulations dans l’espace nomade — Actes Sud, 1995) : « Concret ou abstrait ? J’aime l’abstrait où subsiste un souvenir de substance, le concret qui s’affine aux frontières du vide. »
Lionel Marchetti se consacre également, sur scène, en solo, à l’improvisation (dispositif analogique expérimental avec microphones divers, feed-back, ondes radiophoniques, magnétophone à bande magnétique, haut-parleurs modifiés, synthétiseurs analogiques etc.) et avec des musiciens comme Jérôme Noetinger (électronique, magnétophone à bande), Xavier Garcia (électronique), Seijiro Murayama (percussions, voix), Jean-Baptiste Favory (composition, électronique), Emmanuel Holterbach (composition, électronique), Pierre Mottron (en) (chant), Yan Yun (électronique), Carole Rieussec (électronique), Sébastien Églème (violon), Michel Doneda (saxophone), Patrick Charbonnier (trombone), Nicolas Losson (électronique), ainsi qu’avec la musicienne et danseuse japonaise Yôko Higashi (composition, électronique et danse butô).
Parallèlement, Lionel Marchetti poursuit un travail d’écriture poétique (cf. La Revue des Ressources, ou encore la revue Lampe-tempête) ainsi qu’une approche théorique de la musique concrète et de l’art du haut-parleur, en tant qu’artiste praticien du genre.
Son livre La musique concrète de Michel Chion (Metamkine, 1998) reste le plus remarqué – ainsi que son essai Haut-parleur, voix et miroir… – essai technique sous forme de lettre (Entre-deux / Mômeludies éditions / CFMI de Lyon, 2009).
Ses compositions musicales sont considérées comme un véritable cinéma pour l’oreille.