ven. 6 mai 2022
14h15
Périple n’est pas le récit d’un voyage véritable, plutôt une méditation sur le mouvement, ainsi qu’il advient quand on sort de chez soi : voilà qu’on flotte et plane et qu’on se laisse bouger par les vitres des trains.
Sur scène, un narrateur (Tanguy Viel) poursuit cette méditation qui est aussi une intuition : celle qu’il existe, à l’ombre du mouvement, des instants de stase et de ravissement, intensités folles que l’on rêve, cherche et quelque fois rencontre.
C’est alors que le récit s’interrompt pour se faire poème et chant, porté par la voix d’Elise Chauvin : là, au cœur des grandes villes, de Shanghaï à Londres ou Tokyo, c’est une fulgurance contemplative que le chant essaie de circonscrire, avant que le narrateur reprenne sa promenade infinie. Récit et poèmes s’enchâssent, comme glissés et noués par la musique de Philippe Hurel, composée ici pour le Trio K/D/M et Alain Billard.
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Extraits du livret du récitant :
« Et voilà que je me sens porté par le mouvement circulaire des roues sur les rails, à cause de cette sensation qui commence à se développer là, dans les wagons des trains, à toutes ces vitesses que fabriquent les longues lignes où chaque fleur a l’air de s’étirer infiniment sur son talus, où les fils électriques ondulent à peu près comme des vagues sur la mer et où toute la tension, toute l’électricité statique qui s’accumule quand on reste en place, soudain elle semble se dissoudre dans, je ne sais pas, le sentiment ferroviaire. Et voilà que mes nerfs eux-mêmes, mes nerfs autrefois si fragiles et si prompts à s’enrouler sur eux-mêmes comme des vers sous la terre, voilà qu’eux aussi prennent la forme du paysage et s’étirent en ligne droite à la vitesse du train, que tout en moi s’harmonise quand le train quitte les gares et accélère doucement à la sortie des villes, qu’alors comme l’habitat se disperse et les arbres peu à peu gagnent sur les immeubles et les maisons, aussi bien le paysage et les nerfs, la vitesse et la pensée, tout semble se mettre au diapason du même défilé joyeux et interminable… »
1h environ
Philippe Hurel
compositeur
Trio K/D/M : Adélaïde Ferrière, Aurélien Gignoux
percussions
Trio K/D/M : Anthony Millet
accordéon et direction artistique
Elise Chauvin
soprano
Alain Billard
clarinette basse
Tanguy Viel
écrivain et récitant
En partenariat avec : La Criée – Théâtre National de Marseille
Soutiens : CNM et Sacem
Co-commande : CIe Cadéëm et Philharmonie de Paris
Co-production : Cie Cadéëm et GMEM
Compositeur né en 1955. Après des études au Conservatoire et à l’Université de Toulouse puis au Conservatoire de Paris, il participe aux travaux de la “Recherche musicale” à l’Ircam entre 1985 et 1989. Il est pensionnaire de la Villa Médicis à Rome de 1986 à 1988. En 1995, il reçoit le Siemens-Stiftung Preis à Münich pour ses Six Miniatures en Trompe-l’œil. Il enseigne à l’Ircam dans le cadre du Cursus d’informatique musicale de 1997 à 2001. Il est en résidence à l’Arsenal de Metz et à la Philharmonie de Lorraine de 2000 à 2002. Il reçoit le Prix Sacem des compositeurs en 2002 et le Prix Sacem de la meilleure création de l’année en 2003 pour Aura. Depuis 1991, il est directeur artistique de l’Ensemble Court-circuit. De 2013 à 2017, il est professeur de composition au CNSMD de Lyon. Ses œuvres, éditées par Gérard Billaudot et Henry Lemoine, ont été interprétées par de nombreux ensembles et orchestres sous la direction de chefs tels que Pierre Boulez, François Xavier Roth, David Robertson, Ludovic Morlot, Tito Ceccherini, Jonathan Nott, Esa Pekka Salonen, Pierre-André Valade, Kent Nagano, Christian Eggen, Lorraine Vaillancourt, Reinbert de Leeuw, Bernard Kontarsky…
Il a écrit une cinquantaine de partitions dont deux œuvres scéniques, Espèces d’espaces (2012) sur le texte éponyme de Georges Perec et Les Pigeons d’argile (2014) sur un livret original de Tanguy Viel. Dernièrement, il a composé Quelques traces dans l’air pour clarinette et orchestre (2018), En Filigrane pour quatuor à cordes et électronique (2019-20) et trois pièces qui seront créées à Radio France, Autour pour piano (2019), Volutes pour hautbois et orchestre (2020-21) et En Spirale pour clarinette (2021).
Le trio K/D/M est un ensemble de solistes qui investit de manière multiple le répertoire des musiques d’aujourd’hui. La souplesse de son effectif — du solo au trio — lui permet d’aborder en différents projets les pages historiques et la littérature instrumentale du XXe siècle et du début du XXIe siècle.
Présent tant sur les scènes françaises qu’étrangères, le Trio K/D/M a notamment été invité à jouer en soliste avec le Qatar Philharmonic Orchestra, l’Orchestre National Bordeaux Aquitaine, l’Ensemble Contrechamps ou l’Ircam. Le trio s’est également produit dans des lieux tels que le Teatro Colón de Buenos Aires, la Philharmonie de Berlin, la Villa Médicis, le Centre Pompidou de Paris, l’Arsenal et l’Opéra de Metz, le Grand-Théâtre de Bordeaux et lors des festivals Musica (Strasbourg), Archipel (Genève), Controtempo (Rome), ManiFeste 2015 (Paris), Bludenz (Autriche), Présences 2018 (Paris), Les Musiques 2019 (Marseille).
En 2021, le Trio K/D/M a créé la Persecuta au Festival d’aujourd’hui à Demain de Cluny, un ciné-concert de Charlie Chaplin sur une composition de Martin Matalon et Barrilete cósmico de Fernando Fiszbein avec l’ensemble 2e2m, un Hommage à Diego Maradonna.
En 2022, le Trio crée Périple de Philippe Hurel et Tanguy Viel, ainsi qu’une nouvelle œuvre de Jean-Pierre Drouet pour 2 percussions et 4 accordéons.
Le Trio K/D/M est soutenu par la compagnie Cadéëm dans son développement et ses projets artistiques.
Elise Chauvin débute le chant à l’âge de dix ans en intégrant la Maîtrise de Paris au CRR de Paris puis rejoint, en 2006, la classe de Peggy Bouveret à l’École Normale de Musique de Paris et y obtient un Diplôme Supérieur d’Exécution. Membre de l’ensemble Le Balcon, elle chante dans les œuvres de Karlheinz Stockhausen, Marco Suarez, Peter Eötvös, Fernando Fiszbein, Michael Levinas…L’enthousiasme d’Elise pour le répertoire contemporain l’amène à participer à de nombreuses créations mondiales dont celles de Philippe Hurel, Salvatore Sciarrino, Diana Soh, Philippe Manoury…
Les années 2017 et 2018 ont été ponctuées d’événements dans des lieux prestigieux comme la Philharmonie de Paris, les Bouffes du Nord, le Théâtre Colon en Argentine, l’Opéra de Lille, l’Opéra de Marseille, l’Opéra de Genève, de Lausanne, le Théâtre de l’Athénée…
Les années 2019 et 2020 seront riches de nouvelles créations, dont celles de George Benjamin, Martin Matalon et Philippe Hurel. Quelques mots pour définir Elise Chauvin ? Son entourage est unanime !
« Spontanéité, joie de vivre, présence scénique, compréhension des rôles, fraicheur, naturel, énergie, contact avec le public… l’actrice chanteuse ou la chanteuse actrice…»
Titulaire du DESM du Conservatoire Supérieur de Musique et de Danse de Lyon, Alain Billard est clarinettiste soliste de l’Ensemble intercontemporain depuis 1995 où il y occupe le poste de clarinette basse (jouant aussi clarinette, cor de basset et clarinette contrebasse).
Soliste internationalement reconnu, il a collaboré avec de nombreux compositeurs du XXe siècle à aujourd’hui dont Pierre Boulez, Luciano Berio, György Ligeti, Karlheinz Stockhausen ou encore Philippe Manoury, Michael Jarrell, Pascal Dusapin, Bruno Mantovani et Yann Robin.
Régulièrement invité comme soliste par de grands orchestres nationaux et internationaux, il crée et enregistre de nombreuses œuvres parmi lesquelles Machine for Contacting the Dead (2001) de Lisa Lim, Génération (2002), triple concerto pour trois clarinettes de Jean-Louis Agobet, Mit Ausdruck (2003), concerto pour clarinette basse et orchestre de Bruno Mantovani, Décombres de Raphael Cendo (2007), Art of Metal I, II, III (2007-2008) pour clarinette contrebasse, ensemble et électronique de Yann Robin, del reflejo de la sombra (2010) d’Alberto Posadas avec le quatuor Diotima et La Grammatica del soffio (2011) de Matteo Franceschini.
Alain Billard est très actif dans le champ de la recherche et du développement de nouvelles techniques instrumentales. Il collabore régulièrement avec l’Ircam et la Manufacture Selmer.
Tanguy Viel est né en 1973 à Brest. Après une enfance en Bretagne, il a vécu à Bourges, Tours, Nantes avant de venir s’installer près d’Orléans. Il publie son premier roman Le Black Note en 1998 aux Editions de Minuit qui feront paraître Cinéma (1999), L’Absolue perfection du crime (2001), Insoupçonnable (2006), Paris-Brest (2009), La Disparition de Jim Sullivan (2013) et en janvier 2017 Article 353 du code pénal. Pensionnaire de la Villa Médicis en 2003-2004, il a obtenu le prix Fénéon et le prix de la Vocation pour L’Absolue perfection du crime. Avec son septième roman Article 353 du code pénal, sorti en janvier 2017, il remporte le prix RTL-Lire 2017.
La Criée – Théâtre National de Marseille
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